Les exactions de la Commune

 

Le saccage de Notre-Dame des Victoires

EN MAI 1871

Il y a 150 ans, des événements tragiques se sont déroulés dans cette église, qui n’était pas encore une basilique.

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« Reconnaissance à Marie qui me permit de sauvegarder sa statue vénérée à Notre-Dame des Victoires le 17 mai 1871.
J. LIBMAN »

Petit rappel historique pour replacer dans leur contexte les événements de la Commune

Nous sommes en 1870. La France est gouvernée par l’empereur Napoléon III. Le 19 juillet de cette même année, la France déclare la guerre à la Prusse. Le 2 septembre, l’armée capitule à Sedan et l’empereur est fait prisonnier. Le 4 septembre, la République est proclamée de manière pacifique. Le 19 septembre, les troupes prussiennes assiègent Paris.

Ce siège durera 138 jours jusqu’à la signature de l’armistice le 28 janvier 1871. Un gouvernement provisoire est formé avec à sa tête Adolphe Thiers. Il s’installe à Versailles. À Paris, la garde nationale se structure en fédération, on les appellera les Fédérés.

Les événements du 18 mars 1871 mettent le feu aux poudres. Des canons étaient entreposés sur la butte Montmartre, là où se situe aujourd’hui la basilique du Sacré Cœur. Le gouvernement tente de reprendre ces canons aux Fédérés.

C’est la révolte dans Paris, la Commune commence. Elle va durer 9 semaines et se terminer dans un bain de sang avec la reprise de la capitale par les troupes gouvernementales.

Durant la Commune, l’Église catholique concentre la haine des Fédérés. Les curés de beaucoup de paroisses de Paris sont contraints de se cacher. Des églises sont réquisitionnées, transformées en club ou même fermées ; 300 prêtres et religieux sont arrêtées, dont l’archevêque de Paris.

À Notre-Dame des Victoires, le curé lui aussi menacé est obligé de partir. Avant de fuir, il prend soin de cacher les trésors précieux qui sont dans cette église. Du moins le croit-il… 

Le 17 mai, il est 16h45, veille de la fête de l’Ascension, un bataillon de Fédérés pénètre dans l’église et en bloque les issues. Le chaos devient total. Les Fédérés pourchassent les fidèles et cherchent à les expulser. Les paroissiens se regroupent alors aux pieds de la statue de la Vierge pour la protéger, faisant un rempart de leurs corps au péril de leur vie. 

Des Fédérés veulent la briser. Un prêtre s’interpose, s’agenouille aux pieds de Notre-Dame des Victoires. 

Témoin de la scène, Jacques Libman, un juif converti au catholicisme, s’avance et parvient par un énorme coup de bluff à protéger la statue (plus d’informations sur ce sauvetage à retrouver aux pieds de la statue de la Vierge). 

Les Fédérés reculent, la statue est sauvée. 

Mais l’église va être saccagée pendant 3 jours. C’est un pillage sans nom. 

Les Fédérés cherchent les objets précieux que le curé croyait avoir mis à l’abri et les trouvent principalement dans le caveau de la famille du musicien du roi Louis XIV : Jean-Baptiste Lully. Le caveau familial se trouvait là où se situe aujourd’hui la chapelle Notre-Dame des Douleurs.

Le caveau est ouvert : les Fédérés poussent des cris de joie car ils trouvent les trésors de l’église (ciboires, ostensoirs, couronnes dont celles offertes par le pape Pie IX en 1853 pour la statue de la Vierge, des bijoux précieux, etc.)

La sacristie est entièrement pillée. Toutes les chapelles sont dévastées et l’autel de la Vierge devient un gouffre. Les reliques de sainte Aurélie sont sorties de l’autel et le tombeau du père Desgenettes, dont vous voyez la plaque au pied de l’autel de la Vierge, est profané. Sa tête sera même promenée au bout d’une pique. 

Les ossements extraits des tombaux sont sortis et entassés sur la place. Certains Fédérés s’amusent même à jouer avec. On accuse l’église Notre-Dame des Victoires d’avoir commis des crimes : s’il y a autant d’ossements, c’est qu’il s’est passé de mauvaises choses dans ce lieu. 

Au cours de cette tragique semaine, les Fédérés installent des barils de pétrole dans la cour qui jouxte l’église. Il est alors prévu de faire sauter Notre-Dame des Victoires le 24 mai. 

Mais le 21 mai, les troupes gouvernementales entrent dans Paris et, le 24 mai au matin, Notre-Dame des Victoires est libérée. À cette époque, le 24 mai était une fête mariale : la fête de Notre-Dame auxiliatrice, si chère à saint Jean Bosco, un illustre visiteur de cette église.

Notre-Dame des Victoires est sauvée, mais elle est dans un état lamentable. Elle sera l’une des églises les plus touchées de Paris. Le 3 juin, un office de réparation est célébré et l’église sera réouverte au culte le lendemain. Il faudra cependant plusieurs années pour réparer les dégâts considérables de la Commune.