Le curé m’ayant proposé de participer aux obsèques du pape Benoît XVI au nom de la paroisse, voici quelques échos personnels que je peux vous partager.

Participer à cette célébration était très significatif pour moi. J’avais déjà pu apprécier et étudier son enseignement. Mais il se trouve que j’avais eu le privilège comme séminariste de servir la messe qu’il a présidée aux Invalides en 2008. Je me souviens très bien qu’il se laissait conduire tout au long de la célébration, paisiblement et humblement, supportant aussi avec douceur les inévitables petits « couacs » de l’organisation, vivant l’Eucharistie dans la prière : impressionnant !

Le matin du 5 janvier 2023, après que 200 000 personnes se sont relayées les jours précédents pour vénérer son corps à la basilique Saint-Pierre, nous étions 5 000 prêtres et plus de 50 000 fidèles pour participer aux obsèques du pape émérite. Pas de pluie, mais un temps d’hiver froid et humide !

Évidemment, l’ambiance n’était pas celle des JMJ, mais plutôt marquée par une certaine retenue, de la gravité, et surtout beaucoup de reconnaissance qui s’est exprimée dès le début de la célébration lorsque le cercueil de Benoît XVI est arrivé : tous se sont mis à applaudir en signe d’hommage et de gratitude.

Puis la messe a commencé, présidée par le pape François. Liturgiquement très sobre, assez brève, elle fut très recueillie et priante. Le successeur de Benoît XVI, physiquement affaibli, en a indirectement fait l’éloge en commentant l’Évangile de la crucifixion de Jésus, Bon Pasteur, qui meurt en remettant son esprit au Père.

Après le silence qui a suivi la communion eut lieu l’absoute, puis le départ du corps de Benoît XVI en procession jusqu’à la crypte de la basilique pour qu’il y soit inhumé. De nouveau, des applaudissements soutenus ont résonné sur la place.

La foule s’est ensuite dispersée… mais chacun retrouvait une connaissance ou un ami, car la Providence organise toujours de belles rencontres ! Et les Bavarois, venus en nombre et en costume traditionnel, ont entonné quelques chants que Joseph Ratzinger avait dû apprécier !

Personnellement, j’ai été impressionné par le nombre de prêtres (10% de l’assemblée !) : peut-être ont-ils pu se libérer plus facilement que d’autres du jour au lendemain en ce début d’année, mais je crois aussi que Benoît XVI, qui avait organisé en 2009-2010 « l’année du sacerdoce », avait su nous rejoindre et surtout nous tirer vers le haut.

Autre chose marquante, et non des moindres : la présence spirituelle de Benoît XVI que plusieurs ont expérimentée. Oui, il est bien vivant, et il continue du Ciel à veiller sur l’Église en bon serviteur !

Sur ce thème, voici justement pour finir un extrait de son encyclique « Dieu est amour », qui me semble être autobiographique :

« Plus une personne œuvre pour les autres, plus elle comprendra et fera sienne la Parole du Christ : « Nous sommes des serviteurs quelconques ». En effet, elle reconnaît qu’elle agit non pas en fonction d’une supériorité ou d’une plus grande efficacité personnelle, mais parce que le Seigneur lui en fait don. […]. Humblement, elle fera ce qu’il lui est possible de faire et, humblement, elle confiera le reste au Seigneur. C’est Dieu qui gouverne le monde et non pas nous. Nous, nous lui offrons uniquement nos services, pour autant que nous le pouvons, et tant qu’il nous en donne la force. Faire cependant ce qui nous est possible, avec la force dont nous disposons, telle est la tâche qui maintient le bon serviteur […] toujours en mouvement : « L’amour du Christ nous pousse ». »

Père Sébastien Coudroy, vicaire